Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Révisions BAC Francais PS4 Sion 2010

30 mai 2010

Montesquieu, de l'eclavage des nègres

I. Situation du texte

Ce texte est extrait de De l'esprit des lois, c'est le chapitre 15.

Montesquieu fait un véritable réquisitoire contre l'esclavage au 18e siècle : l'esclavage a toujours été pratiqué mais ce qui change c'est la traite des noirs, phénomène dû à l'expansion coloniale vers le nouveau monde: commerce du café, du coton, cultivé en Amérique par les noirs. Montesquieu connaît très bien les esclavagistes : il les fréquente car il est actionnaire de la compagnie de Bordeaux.
Ici, il dénonce le traitement infligé aux noirs. C'est le premier à dénoncer un tel scandale. Le plus grave c'est que la France ne fait rien contre l'esclavage et se dit être un pays chrétien.


II. Lecture

"Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais: Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont du mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s' en servir à défricher tant de terre. Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. Ceux dont il s' agit sont noirs depuis les pieds jusqu' à la tête et ils ont le nez si écrasé, qu'il est presque impossible de les plaindre. On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir. Il est si naturel de penser que c' est la couleur qui constitue l'essence de l'humanité, que les peuples d' Asie, qui font les eunuques, privent toujours les noirs du rapport* qu'ils ont avec nous d' une façon plus marquée. On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Egyptiens, les meilleurs philosophes du monde, était d' une si grande conséquence**, qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains. Une preuve que les nègres n' ont pas le sens commun, c'est qu'ils font plus de cas d'un collier d'un verre que de l'or, qui, chez les nations policées, est d' une si grande conséquence. Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens. De petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu' ils le disent ne serait-il pas venu dans la tête des princes d' Europ,e qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié?"

MONTESQUIEU, L'Esprit des Lois, XV, 5 (1748).
* Rapport = ressemblance
**Conséquence = importance

III. Axes

Il y a 9 §, 10 avec le préambule. Ce texte nous propose une argumentation serrée.
Au 1er regard, on a l' impression que c' est un plaidoyer pour l'esclavage mais c' est en réalité un violent réquisitoire contre cela (tout est implicite).

- Préambule qui appâte le lecteur

- 1er argument : économique et historique ( lignes 3 à 7)

- 2ème argument : esthétique, racial et (l.8 à10)

- 3ème argument : théologique (l.11 à13)

- 4ème argument : ethnologique (l.14 à 18)

- 5ème argument: ethnologique et génétique (l.19à 23)

- 6ème argument: sociologique (l.24 à17)

- 7ème argument: théologique (l.28 à 31)

- 8ème argument: politique (l.32)

IV. Explication linéaire

Préambule: il doit tout de suite nous sembler suspect. Il a l'air d'un plaidoyer car on y parle de droit. C'est un plaidoyer hypothétique : L'esclavagiste va énoncer ce qu' il dirait s'il avait à le dire : il y a une mise à distance. En outre, il oppose "soutenir" et "rendre les nègres esclaves" = droit suspect. Le "nous" employé, nous montre que tout le monde est complice. La phrase débute par "si" (> condition ) et le conditionnel "dirais"a une valeur de potentiel, c'est à dire réalisable dans l' avenir. Par ailleurs, le tour présentatif "voici" nous indique une démarche argumentative :

1er argument : vision planétaire et historique; contradiction entre la mission civilisatrice de l'expansion coloniale et les moyens d'y parvenir ( exterminer les nègres et mettre les noirs en esclavage). L'Europe a des pratiques sanglantes aux service d' intentions nobles.

L'adjectif "trop" démontre l'ironie de Montesquieu : Au 18ème siècle, le sucre est une gourmandise: plaisir de la consommation des européens et aussi la peine des esclaves. Il y a une disproportion entre l' avantage infime d' avoir un produit moins cher et le traitement infligé aux noirs. Montesquieu dénonce l'égoïsme des européens qui prime sur la morale : il n' y pas de sentiment dans l' économie.
Cet argument est très réaliste.


2ème argument : il y a le problème de savoir si les nègres appartiennent ou non à l'espèce humaine. Selon l'esclavagiste, le fait d' être noir est un signe d' infériorité. L'argument racial est un argument raciste. L' absurdité du raisonnement ressort avec le "..si.que."
Quelque chose nous pousse tout de même à plaindre les noirs: l'humanité. Le mot "presque" fait basculer la phrase en antiphrase : il traduit le contraire: nous avons le devoir de les plaindre car ils ont un traitement d' esclave.

4ème argument: c' est un argument raciste. Puisque les asiatiques pensent que les noirs sont inférieurs, ils en font des eunuques; puisque les noirs sont inférieurs alors les blancs peuvent les maltraiter :
"Il est si naturel de penser que" le ton prétentieux invite à croire le contraire. Il y a une disproportion entre le cas concret (les asiatiques font les eunuques) et le cas qui suit.

5ème argument: argument d'autorité. Le "On" généralise. A propos des égyptiens, on n' a pas à se priver de rendre les nègres esclaves car les égyptiens jugeaient sur la couleur des cheveux.

Dans cette phrase, il y a deux sophismes :
- "juger de la couleur de la peau par celle des cheveux." L'esclavagiste crée une analogie entre la couleur des cheveux et celle de la peau alors que ça n' a rien à voir.
- "qui, chez les Egyptiens, les meilleurs philosophes du monde", il y a une opposition (mise entre virgules). Si les Egyptiens ont pu être de grands philosophes, ce n' est pas en tuant les roux. Il y a une gradation et on s' attend à quelque chose de formidable et il y a une chute brutale de la phrase pour aboutir à un résultat horrible.

6ème argument : c' est le dernier argument raciste. "ils font plus de cas d' un collier de verre que de l' or" : c'est un argument de poids fondé sur l'expérience.
Traduction du relativisme: pour les noirs, le verre vaut plus que l'or : tout est relatif, c'est lié à la culture; à chaque civilisation correspond un échelle de valeurs.
Opposition: selon l' esclavagiste, le nacre n a pas de bon sens, sous entendu, les nègres sont une nation barbare.
Montesquieu déconsidère la valeur excessive de l' or qui correspond aux "nations policées"; c' est contre l'idéal du chrétien; la charité. Cette valorisation montre la cupidité des européens et de marchands d'esclaves.

Montesquieu nous montre que les européens on trompé les nègres (avec le verre et l' or). Ils sont des trafiquants barbares tandis que les nègres sont policés et désintéressés.

7ème argument : C' est un argument religieux donc grave. C'est un syllogisme :
- les chrétiens traitent tous les hommes humainement.
- les chrétiens ne traitent pas les noirs humainement.
- les noirs ne sont pas des hommes.
Encore une fois, l' humanité des noirs est niée. On remarque l'' ironie dans cette phrase: Il est impossible que il faut comprendre l' antiphrase: les noirs sont des hommes donc les esclavagistes ne sont pas chrétiens.

a - Le locuteur nie l' humanité des noirs mais cette négation est suspecte. On le voit avec l'expression "Ces gens là." qui traduit le mépris. Il y a une contradiction interne subtile : Montesquieu dit "gens" or, si ce sont des gens se sont des hommes.
L'esclavagiste est en contradiction avec lui-même : son ridicule et sa mauvaise foi sont accentués.

b - Histoire de la chrétienté : ridicule de l' esclavagiste qui veut se donner bonne conscience tout en continuant de vendre de noirs. Le locuteur fait dire "nous" a l'esclavagiste pour démontrer que c'est toute la chrétienté qui est en cause.

c - Raisonnement de l' esclavagiste : nous sommes des chrétiens... ils ne sont pas des hommes. Derrière cette fausse logique, le lecteur voit le caractère odieux de l' esclavagiste à travers deux aspects :
- il veut gagner sur le plan financier.
- il veut gagner sur le plan moral (conscience).

8ème argument : dans ce dernier §, on passe de l' ironie à l'indignation. Montesquieu montre l'aspect politique: "princes d' Europe". Dans la 2eme partie du §, ce n'est plus l'esclavagiste qui parle mais Montesquieu : il pousse un cri d'humanité en faveur des noirs.

L' ironie au début du §: ce sont des petits esprits qui dénoncent l'esclavage; c' est à dire les philosophes. C'est de l'ironie contre les gens qui critiquent les philosophes dont Montesquieu fait partie, avec le pléonasme "exagèrent trop".
On ne fait pas d' injustice aux noirs sinon les princes auraient fait quelque chose : ridicule des esclavagistes qui ont une confiance aveugle dans les princes d' Europe qui sont inutiles.
Il y a une opposition terme à terme entre ce que les princes font: conventions inutiles" et ce qu' ils devraient faire "une en faveur de la miséricorde : ton polémique.
A la fin, le rythme binaire nous montre que l'ironie est oubliée, l'interrogation oratoire traduit la miséricorde et la pitié; c'est un véritable cri d'humanité qui résonne à nos oreilles.
Il y a encore un syllogisme :
a - Si les nègres étaient maltraités, les princes feraient une convention.
b - Les princes ne font rein.
c - Les nègres ne sont pas maltraités.

V. Conclusion

On peut admirer la richesse de Montesquieu. D' une part, il démystifie les arguments racistes et il montre les fondements de l'attitude humaine, antiraciste: la raison, l'humanisme, le christianisme. Ce texte est particulièrement efficace car il fonctionne sur l' ironie et c' est une arme redoutable pour dénoncer notamment les absurdités du racisme, les sophismes des esclavagistes et la lâcheté des européens qui se donnent bonne conscience.
Ce texte est révélateur de l'esprit du 18e siècle où la raison, la tolérance, la charité et l'humanité priment chez les philosophes de lumières
.


Publicité
Publicité
30 mai 2010

Montaigne Essais.

Introduction :

Montaigne est un écrivain et philosophe français né en 1533 et mort en 1592. La rédaction des Essais s’échelonne sur plusieurs années, entre 1570 et 1585. Pour lui, « essai » veut dire : essayer sa pensée. Il y multiplie les points de vue, les jugements. Il ébauche une pensée, il essaie de trouver un sens à sa vie. Montaigne est donc en quelque sorte le fondateur des essais, tels que nous les connaissons aujourd’hui. Il utilise l’année 1492 pour parler de tolérance : il dit que les Indiens sont des Hommes. Il se bat contre l’intolérance européenne et pour le principe de relativisme.

-  I. La découverte du nouveau monde 
-  II. La prise de position de Montaigne

I. La découverte du nouveau monde :

1. Un monde encore enfant :

« Notre monde vient d’en trouver un autre » (l.1) Montaigne commence ainsi l’extrait. Il parle ici de la découverte des Amériques. « Toutefois si nouveau et si enfant » (l.4). L’auteur nous renseigne d’emblé sur le non développement et sur le retard du monde.

Une longue métaphore filée compare l’ancien monde à un enfant : « tout nu », « mère nourrice ». Le nouveau monde est donc comparé à un enfant qu’il faudra éduquer.

2. Relations entre ancien et nouveau monde :

Mais très vite, l’ancien monde est considéré comme étant meilleur que le nouveau. Un sentiment d’infériorité s’installe : « Notre monde (...) un autre » (l.1). Le nouveau monde est déjà connoté négativement. L’ancien monde devra éduquer le nouveau : « discipline » (l.15) Le nouveau monde devra être soumis et éduqué par l’autre.

Très vite, ce sentiment de supériorité devient négatif : maladie et épidémie. L’éducation donnée est sévère et violente. « Subjugué » (l.15). Une opposition forte se fait entre l’innocence du nouveau monde et la violence de l’Ancien.

3. Un monde valorisé :

La description du nouveau monde qui est faite à partir de la ligne 19 est très valorisante, positive : « magnificence », « beauté », « or », « qualités »... Montaigne énumère toutes les qualités du nouveau monde. Cette énumération accentue l’abondance du monde : la richesse (« or », « pierreries »), « magnificence », « excellemment », des pluriels sont utilisés. Cette description suggère le paradis.

A la ligne 17, Montaigne prouve l’intelligence du nouveau monde, faisant référence à la politique : « négociations ».

II. La prise de position de Montaigne :

Plusieurs indices d’énonciation laissent à penser que Montaigne n’est pas neutre. Il s’inclut en effet dans l’ancien monde car il dit : « je » et « nous ». « je crains » (l.12) prouve qu’il est inquiet pour le nouveau monde.

1. Il dénonce le comportement de l’ancien monde :

De par la valorisation du nouveau monde, il dit qu’il est gâché, que c’était mieux avant. L’ancien monde ne doit rien au nouveau. Il y a donc retournement de situation.

Montaigne accuse donc l’ancien monde, il dénonce ses pratiques. Un sentiment négatif apparaît très vite (l.12) : « Bien crains-je que nous aurions bien fort hâté sa déclinaison et sa ruine par notre contagion, et que nous lui aurons bien cher vendu nos opinions et nos arts. ». Il dénonce ici l’illégitimité du comportant des conquérants : « valeur », « justice et bonté », voila ce qu’il aurait fallu utiliser, à la place de la force. A la ligne 14, il émet une autre accusation : « c’était un monde », c’est donc fini.

L’auteur pense qu’il aurait fallu le contraire : eux les parents et nous les enfants. Il veut souligner le paradoxe d’une civilisation : au lieu de rester colons, ils sont devenus destructeurs.

Il utilise l’ironie aux lignes 27 et 28, les conquérants n’avaient aucune conscience, ils se sont servis des qualités des Indiens pour coloniser. 2. La morale du texte :

A partir de la ligne 26, le vocabulaire employé par Montaigne devient un vocabulaire moral. Il cherche à poser un regard tolérant pour les Indiens et un réquisitoire contre les conquérants. Il a un regard humaniste, contre les colonisations.

« Nous » qui correspond aux européens, qui possèdent la vérité et sont clairvoyants. C’est ironique.

Montaigne dit qu’il y aurait pu avoir partage de civilisations. Il dit aussi qu’il y a peut être plusieurs vérités, et qu’il faut accepter son ignorance. C’est le principe de relativisme. La religion est un contre exemple de cette théorie.

24 janvier 2010

2ÈME OBJET D'ÉTUDE : LA RENAISSANCE. Texte 7

Texte 7


Pierre de Ronsard, «Quand vous serez bien vieille»


Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
"Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle !"

Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.




Lecture Analytique



Introduction

Ronsard évoque le « dédain » de la dame et profite de ce thème amoureux classique pour parler du temps qui passe. Il se présente également en poète virtuose et profite du sonnet pour célébrer la poésie. En effet, la jeunesse et la vie passent, mais la poésie est immortelle.

Nous verrons donc comment ce sonnet présente d’abord un tableau nostalgique et réaliste de la vieillesse tout en étant une déclaration d’amour originale et enfin comment il constitue une célébration de la poésie. 

Nous avons donc annoncé le plan suivant: 

    1. Un tableau nostalgique et réaliste de la vieillesse
    2. Une déclaration d’amour originale
    3. Célébration et immortalité de la poésie

 


  1. Un tableau nostalgique et réaliste de la vieillesse

1. La projection dans le futur                                                                                                         Le poète se projette dans le temps : le premier quatrain est une description de la vie monotone d'une femme âgée. Le poète insiste sur l'âge (« bien vieille ») et les occupations calmes de la femme en question (« dévidant et filant » ; les participes présents créent un rythme lent). L'évocation de la fin de journée (« au soir ») fait penser à la fin de la vie. L'opposition futur / passé (« serez », « direz » / « célébrait » (la femme était la muse du poète), « j'étais ») souligne la différence entre la beauté (propre à la jeunesse) et la vieillesse.

2. Evocation de la vieillesse et la mort                                                                                          Le premier tercet et le premier vers du second tercet opposent la mort du poète (champ lexical de la mort : « sous la terre », « fantôme », « sans os » et « repos ») et la vieillesse d'Hélène qui regrettera de ne pas l'avoir aimé (« regrettant [...] votre fier dédain »).          La succession de rimes pauvres dans le sizain final accentue la triste réalité de la mort. 

I) Une déclaration d'amour particulière

1)Une image peu flatteuse de la femme aimée                                                                       

Le poète n'hésite pas à évoquer la vieillesse de manière cruelle.

Sa beauté est passée. Ce sonnet a été écrit pour Hélène, or il ne cherche pas à la célébrer mais lui renvoie plutôt une image peu flatteuse d'elle-même. Sa beauté n'apparaît qu'à l'imparfait : "Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle" (v.4).

Son dédain. Au moral non plus, Hélène n'est pas célébrée. Son attitude en face de Ronsard est évoquée pour être regrettée. Elle apparaît en effet dans une attitude de dédain en face de l'amour qui lui est offert " regrettant mon amour et votre fier dédain " (v.12).

Sa vieillesse, non sans une certaine cruauté, Ronsard préfère envisager l'heure des souvenirs mélancoliques. A deux reprises, il se plait à faire envisager à Hélène sa vieillesse : " Quand vous serez bien vieille " (v.1), " vous serez au foyer une vieille accroupie " (v.11). 

2. Nostalgie de l’amour perdu (amour célébré dans le regret et la nostalgie)

- Regret (passé « me célébrait » + « regrettant mon amour »)

- Verbes impératifs : Vivez, n’attendez, cueillez à urgence de profiter du temps présent.

- Métaphore finale : « cueillez les roses de la vie » à éphémère

3. Un amant narcissique                          

 On remarque qu'Hélène, contrairement au poète (qui se nomme ; abondance des pronoms personnels de la première personne et des possessifs), n'est jamais citée. Du coup, le poète semble un peu narcissique (il fait même parler sa bien-aimée au vers 4 et évoque sa célébrité au vers 5 : Ronsard est également connu de la servante). 

III. Célébration et immortalité de la poésie 

1. La présence du poète (rappel et transition avec ce qui précède)

D'une part, Ronsard se consacre à peu près autant de vers qu'à Hélène.

Dautre part, il a soin de ne pas se mettre en scène au moment crucial de sa vieillesse.

De plus, alors qu'Hélène n'a pas droit à être nommée dans ce poème (elle n'acquerra ce droit que si elle cède à l'amour de Ronsard), le poète se cite deux fois.

Enfin, les seules rimes riches que nous trouvons dans le sonnet appartiennent à des vers évoquant Ronsard et établit un contraste entre la monotonie de la vie et l’ennui (« sommeillant ») à l’effet revitalisant d’un poète déjà mort (« réveillant »). La poésie non seulement immortalise, mais aussi rend à la vie, réveille. 

2. Une mort très douce

à Utilisation de la l’euphémisme (v.9 et v.10). Atténue la réalité de la mort.

Plus que sa vieillesse, c'est son fantôme qu'il met en scène et sa mort même semble légère. Là où Hélène était accroupie, Ronsard se repose parmi des arbres symboles de la gloire. Certes le poète meurt, mais il continue à vivre dans les mémoires.

Chacun sur terre se souvient de lui, Hélène bien sûr : " Direz chantant mes vers " (v.3) mais encore l'ensemble de ses servantes se souviennent de Ronsard. L'expression " lors vous naurez servante " (v.5) a un caractère absolu. Elle signifie toutes les servantes. Ronsard est au cœur du dialogue qu'il imagine entre Hélène et ses servantes, et c'est la force de son seul nom qui les tire de leur sommeil.  

3. La gloire du poète 

L'orgueil du poète ici ne manque pas de finesse puisqu'il envisage sa gloire pour la faire rejaillir sur Hélène : " bénissant votre nom de louange immortelle " (v.8). Ne pouvant plus célébrer Ronsard mort, la servante transfère son admiration à celle qui lui a inspiré des poèmes, ce qui permet à Ronsard, écrivain de ce texte, de célébrer Hélène.

Ainsi Ronsard a vaincu la mort. Au nom de la poésie Hélène devrait donc répondre de son amour : " Vivez si m'en croyez, n'attendez à demain ".

Conclusion

Ce poème peut faire penser à une fable en raison des allusions à la mythologie et à la présence d’une morale. Il s’agit donc bien d’inscrire le sonnet dans un héritage littéraire. La poésie et le poète y sont célébrés autant que la femme aimée. La déclaration d’amour est un peu particulière dans la mesure où elle se fait sur le mode négatif du regret et prépare la chute finale : il faut profiter de la vie. Pour Ronsard, seule l’écriture poétique permet de garder le souvenir et donc d’immortaliser l’amour.


24 janvier 2010

2ÈME OBJET D'ÉTUDE : LA RENAISSANCE. Texte 6

 

Texte 6

 

Louise Labé, «Je vis je meurs»


Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

 

 

Lecture Analytique

 

Introduction

Louise Labé : (1524-1566), elle est originaire de Lyon d’un milieu bourgeois (bonne éducation) mais elle est imprégnée de la culture italienne (latine + italienne). C’est une femme atypique (hors norme) : elle est maître d’arme et fréquente les salons. Elle st condamnée par Calvin pour une vie trop libre. A 16 ans, elle tombe amoureuse d’Olivier de Magny (ami de Du Bellay). C’est un amour malheureux qui est à l’origine de beaucoup de poème.

Entre 1545 et 1555 elle publie « E légies et sonnets », « Débat de Folie et d’Amour ». C’est de la poésie lyrique (joie, amour, corps, cœur) et de la poésie élégiaque (tristesse, mélancolie, nostalgie ; lié au cœur et au passage du temps)

 

« Je vis, je meurs » est le poème le plus célèbre de Louise Labé, c’est le 8ème sonnet de son recueil « Elégies et sonnets ». C’est un sonnet dans la tradition pétrarquiste dont on voit l’influence. Elle y reprend la description de la passion et des sentiments contradictoires. C’est un registre lyrique mais elle adopte un point de vue général.

 

 

Développement

 

I)Spécificité du sonnet

 

1)La construction

-2 quatrains et 2 tercets avec un vers central qui fait le lien : v.9articulation forte : « Ainsi »

-Le 2ème quatrain : énumération des effets physique et de la psycho passion, sorte d’accumulation des verbes et des adjectifs. Ex : v.1

-les 2 tercets ont une unité de thème : les erreurs de l’amour. « Je » est la victime de cet amour. Le dernier vers montre un retour au départ. C’est un poème circulaire.

 

2)La versification

-en 14 vers à 10 syllabes (décasyllabes)

-rimes embrassées dans les quatrains (ABBA) et dans les tercets rimes croisées (CDC) et rimes plates (CDD).

-4 rimes différentes seulement : « oie », « ure », « ère » et « eur ». Ces rimes font ressortir la gamme sonore et traduit l’obsession de la passion, l’emprisonnement du sujet dans l’amour.

-un sonnet très bien construit avec le rythme et les sonorités qui traduisent l’idée

 sonnet parfait. Il y a quelques contraintes pour le sonnet, celui-ci est au service de son thème, des contraintes poétiques et amoureuses.

-Le sonnet est un poème à forme fixe.

 

II)Situation d’énonciation

 

1)Le registre lyrique

-« je » est omniprésent dans toutes les strophes et parfois plusieurs fois, il est employé avec le pronom personnel « me » et l’adjectif possessif « mon » v.14.

-poème centré sur l’expression personnel. Cela montre l’envahissement de la passion qui occupe tout : corps + âme  c’est une forme de dépendance. On oublie le reste du monde. Celui qui provoque la passion est absent (déréalisé) car il n’y a pas de marque de la 2ème personne. L’amour se joue du personnage que de l’homme.

-« Amour » est personnifiée mais impersonnel. Le processus de la passion est toujours le même  idéalisation qui dépasse la figure de l’amant : chacun aime d’abord l’amour.

 

2)Le cadre spatio-temporel

-le texte utilise le présent d’énonciation mais ne définit aucun cadre spatio-temporel  on ne sait ni où ? Ni quand ?

C’est une description de la vérité générale : processus de la passion est toujours égal.

Il y a quelques images de la nature : métaphores v.8 et 1

 Poésie lyrique très personnelle mais universelle.

 

III)Désordres des sentiments amoureux

 

1)2 figures de style clé

-les figures de styles sont présentes dés le début du 1er vers et développées tout au long du poème.

-L’antithèse : jeu sur les écarts de sens avec économie des vers → hémistiche (moitié de vers ou 6 pieds pour alexandrin). Ex : v.1

-la parataxe (=juxtaposition) et parallélisme redoublent l’antithèse.

-les 2 premiers quatrains sont construits sur le parallélisme et l’antithèse. Ils décrivent l’état physique et l’état mental.

-les sensations de chaleur ou de froid marquent la présence et l’absence de l’autre. Elle compare les éléments naturels : eau, feu, et plante.

-L’antithèse renvoie à l’état physique et mental et montre la dualité des sentiments : plaisir et souffrance sont marqués par les hyperboles.

-L’utilisation des saisons avec les métaphores montre la contradiction dans l’Amour. Un moment avec l’être aimé mêle toutes les saisons.

 

2)La vision la vison de l’amour

-les 2 tercets : dans l’Amour l’être est dépossédé, n’a plus de certitudes. L’adverbe « inconstamment » ressort car il est au centre du vers 9.

-on n’est jamais sûr de la suite de l’histoire : c’est une surprise.

-il y a 2 subordonnées de temps construites sur les antithèses.

- dans les 2 quatrains, le « je » domine et dans les 2 tercets « il ».

-vision de la passion et non de la raison

-le poème se termine sur le mot « malheur »

-L.L reprend la tradition de l’antiquité : la passion est fatale et mortifère.

 

Conclusion:

Le poème offre l’image de l’amour en y montrant les états extrêmes du « Moi » qui est une victime de l’Amour. Le registre est lyrique et élégiaque (car il y a plus de douleurs que de malheurs). L’image de la femme qui aime et dépend de l’autre est aussi présente. Malgré tout, les sentiments décrit renvoient à l’idée que l’homme ou la femme subit plus qu’il ou elle choisit la passion v.9.

Cette image de l’Amour traverse la littérature et tous les poètes français lyrique l’ont chanté (Dente et Pétrarque ou même Racine).

 

 

24 janvier 2010

1ER OBJET D'ÉTUDE : LA POÉSIE. Texte 5

Texte 5

 

Jacques Réda, «Personnages dans la banlieue»

 

Vous n’en finissez pas d’ajouter encore des choses,
Des boîtes, des maisons, des mots.
Sans bruit l’encombrement s’accroît au centre de la vie,
Et vous êtes poussés vers la périphérie,
Vers les dépotoirs, les autoroutes, les orties;
Vous n’existez plus qu’à l’état de débris ou de fumée.
Cependant vous marchez,
Donnant la main à vos enfants hallucinés
Sous le ciel vaste, et vous n’avancez pas;
Vous piétinez sans fin devant le mur de l’étendue
Où les boîtes, les mots cassés, les maisons vous rejoignent,
Vous repoussent un peu plus loin dans cette lumière
Qui a de plus en plus de peine à vous rêver.
Avant de disparaître,
Vous vous retournez pour sourire à votre femme attardée,
Mais elle est prise aussi dans un remous de solitude,
Et ses traits flous sont ceux d’une vieille photographie.
Elle ne répond pas, lourde et navrante avec le poids du jour sur ses paupières,
Avec ce poids vivant qui bouge dans sa chair et qui l’encombre,
Et le dernier billet du mois plié dans son corsage.

 

Lecture Analytique

 

I)Évocation des personnages

 

1)Pathétiques

Impuissants > Subissent. «vous êtes poussés» manque d’énergie

Cependant > persévérance

Champ lexical du poids

Difficultés financières, enceinte (chute)

2)Vision Actuelle

Vous > concerne le lecteur

Présent de vérité générale

Aujourd’hui, difficultés financières = banlieue.

 

II) La banlieue

1)Vision désespérée

Dépotoir, autoroutes, orties = inconfort.

procédés d’énumération: insistance

Vie/périphérie/ortie

Impact banlieue/personnage

Champ de bataille

Parallèlisme v.2/v.11

2)Prise de conscience

«Vous !» accusateur.

Sans bruit / encombrement s’accroit.


Publicité
Publicité
24 janvier 2010

1ER OBJET D'ÉTUDE : LA POÉSIE. Texte 4

Texte 4

Jules Supervielle, «Marseille»

Marseille sortie de la mer, avec ses poissons de roche ses coquillages et l'iode
Et ses mâts en pleine ville qui disputent les passants,
Ses tramways avec leurs pattes de crustacés sont luisants d'eau marine,
Le beau rendez-vous de vivants qui lèvent le bras comme pour se partager le ciel,
Et les cafés enfantent sur le trottoir hommes et femmes de maintenant avec leurs yeux de phoshore,
Leurs verres, leurs tasses, leurs seaux à glace et leurs alcools,
Et cela fait un bruit de pieds et de chaises frétillantes.
Ici le soleil pense tout haut, c'est une grande lumière qui se mêle à la conversation,
Et réjouit la gorge des femmes comme celle des torrents dans la montagne,
Il prend les nouveaux venus à partie, les bouscule un peu dans la rue,
Et les pousse sans un mot du côté des jolies filles.
Et la lune est un singe échappé au baluchon d'un marin
Qui vous regarde à travers les barreaux légers de la nuit.
Marseille, écoute-moi, je t'en prie, sois attentive,
Je voudrais te prendre dans un coin, te parler avec douceur,
Reste donc un peu tranquille que nous nous regardions un peu
O toi toujours en partance
Et qui ne peux t'en aller,
A cause de toute ces ances qui te mordillent sous la mer.

Lecture Analytique

 

I) Évocation de Marseille

1) Une ville portuaire

 Dès les premiers mots, on va au-delà de la vue prosaïque d'une ville portuaire par l'allégorie
« Marseille sortie de la mer », cf.  Vénus sortant de l'onde dignité du mythe antique, mais aussi surgie dans l'imagination du poète
- soudaineté du surgissement il est exprimé immédiatement, par les deux premiers mots du texte, et la phrase nominale  le poète ne prend pas le temps de construire une phrase pour nous livrer, tous les éléments de ce surgissement. -
l'allégorie - empêche immédiatement de prendre dans un sens platement descriptif les éléments les plus simples : puisqu'elle est « sortie de la mer », les poissons et les coquillages ne sont pas seulement aux étalages du marché, ils sont en elle comme si elle était la mer.
2)Une agitation heureuse

Cette idée se construit à mesure qu'apparaissent des éléments appartenant de plus en plus au milieu marin et qui sont de plus en plus étonnants dans l'ordre de la raison:« l'iode » : milieu marin, mais l'iode est en effet présent dans l'air au bord de la mer. « les mâts en pleine ville » : impression d'optique, mais traduite d'une façon qui va au-delà de la réalité; ils sont au centre de la ville (insistance par « en pleine.,. »), à peine distincts des passants: monde humain habité par la mer, envahi par elle (« disputent les passants »).« les tramways avec leurs pattes de crustacés» - image dérivée, non pas directement de la réalité comme là précédente mais du rapprochement entre une réalité, les caténaires ou perches des tramways ou trolleys, et l'image obsédante de la mer; jamais sans cette dernière des tramways n'auraient été comparés à des crustacés.  De plus, « luisants d'eau marine »ajoute une notation de matière aux impressions visuelles seules représentées jusqu'alors.- « les chaises frétillantes » : devenues poissons.« cela » vague, et précédé par une longue énumération, donne l'impression d'une transformation inexprimable tant elle est vaste. « yeux de phosphore » : transformation suffisamment profonde pour donner aux humains cette apparence mystérieuse ,d'une lumière venue d'ailleurs et du plus profond d'eux-mêmes: phosphorescence.
3) Réalité

Mais les yeux de phosphore sont mis par l'énumération sur le même plan que les objets du café, comme s'ils n'étaient pas plus étonnants, et l'expression « hommes et femmes de mainte­nant» insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'on ne sait quelle histoire légendaire, mais bien d'une réalité actuelle et quoti­dienne, absence d'emphase pour dire que le poète cherche à transmettre honnêtement une vision qui s'impose à lui  Simpli­cité et actualité d'autant plus étonnantes quelles voisinent avec l'image du premier vers, inspirée de l'Antiquité, et avec quantité d'images en elles-mêmes étonnantes  d) Le thème une fois rigoureusement établi dans la première partie, la présence de la mer dans la ville est rappelée dans la suite du texte et ce dans tous les domaines. Lune- singe échappé au «balluchon d'un marin» (homme);
rappel de l'élément naturel et liquide par les torrents (nature); (2e partie du texte) « toutes ces ancres qui te mordillent » (objet); « en partance » (acte)
Mais en peut se demander avec ces exemples si c'est la nature qui envahit le monde humain ou l'inverse "et la lune est un singe" la phrase, pourtant avant tout descriptive: l'ombre typique du marin portant singe et balluchon se détache sur la toile de fond que forme l'astre lunaire,   suggère que le marin a mis la lune au nombre des bibelots exotiques en sa possession ; de même, ces ancres « qui mordillent » sont après tout le signe de la présence des hommes qui ont équipé et ancré les navires, et le verbe lui-même fait de l' homme un animal mi-carnassier, mi­ amoureux , prenant possession de la ville -mer .

 

II) La dimension symbolique - la nature

1)La mer

 « Le beau rendez-vous de vivants» : en plus de l'évocation des rencontres humaines favorisées par une ville portuaire, transfiguration du geste humain qui grandit l'huma­nité jusqu'à lui permettre de prendre possession de l'espace «qui lèvent le bras comme pour se partager le ciel». Le mot employé est « vivants » et non « hommes » : préparation de l'hymne -à la vie de la seconde partie.
 
2) Les images de lumière

 « Le soleil pense tout haut » : contagion de l'enflure verbale méridionale, mais surtout puissance d'une pensée: interprétation développée par les expressions qui font du soleil un être quotidien (« mêle à la conversation »  et quelque peu brouillon «les bouscule un peu»: Le ­prosaïsme de cette dernière expression complétant -la vision humanisée du soleil). La seconde interprétation se développe dans « les pousse sans un mot du côté des jolies filles » : façon plaisante, en même temps, de rappeler l'une des activités obligées d'un port et de la replacer dans la logique du texte où la vie humaine est louée sans mépris pour aucun de ses aspects ; l'adjectif « jolies » enlève au mot « filles » ce qu'il aurait eu, surtout en 1927, de péjoratif - synonyme possible de prostituées.
 
3) Humanisation du cosmos 

Cosmos qui « bouscule » les êtres , mêle, les éléments (l'eau et le feu- soleil et torrents - le ciel) constitutifs de la vie(eau, air et feu )
  qui montre l'amour sans pudeur, en pleine lumière: gorge des femmes , « les pousse du côté des jolies filles »). « Les cafés enfantent sur le trottoir » : la vie qui naît d'un être inanimé (café), symbiose entre les êtres et les lieux. Impression de profusion.
 4) Joyeux désordre

Rendu perceptible par l'éclatement de la syntaxe: l'évocation de Marseille semblait devoir se faire sous forme de phrase nominale, ou bien on pouvait attendre un verbe principal dont Marseille aurait été le, sujet, mais le vers 3 apporte une rupture de construction avec l'introduction d'un autre sujet; rupture soulignée par la coordi­nation ð qualifications nominales de Marseille . l'utilisation du vers libre.- un seul vers parmi les plus longs du texte pour des réalités quotidiennes apparemment futiles (v. 6 « Leurs verres... »);
 -vers le plus long du texte (v. 5) pour l'image de la foule accompagnée de l'idée de naissance.
 Impression générale d'abondance (vers en général longs).
  5
) Hymne à la vie complété.
 - par cette impression d'abondance nombreuses énuméra­tions, longues pour certaines et syntaxe utilisant beaucoup la coordination « et ».
 - par le grand nombre de termes exprimant le mouvement: impression de foule grouillante « qui disputent », « un bruit de pieds et de chaises frétillantes » mais aussi mouvement fort et continu (« les pousse sans un mot... »).
 - par une impression de plénitude partage du ciel complété par « c'est une grande lumière».
 -par une impression de joie: « le beau rendez-vous», « frétillantes », « réjouit », ajoutée au simple plaisir de la fan­taisie: les tramways- crustacés , la lune- singe .

 

III)Prière à Marseille

1) Constatations
 - changement syntaxique paroles adressées à Marseille, et métrique : pour la première fois vers plus courts et où l'on reconnaît mieux des structures poétiques plus traditionnelles.
 -images d'inquiétude, d'une agitation sans effet. Contraire­ment aux mouvements puissants des deux premières parties « Marseille sortie de la mer», ou le soleil qui pousse les nouveaux venus), « reste tranquille », « sois attentive », « toi... qui ne peux t'en aller »,« te mordillent »;
 -changement de ton et d'atmosphère - confidence, « dou­ceur » secret : « te prendre dans, un coin », fermeture :bar­reaux, nuit, désir, d'immobilité : opposition avec le grandiose, le bruit, la pleine lumière, qui précèdent;
 -insatisfaction du poète et de Marseille «je t'en prie »« Toi... qui ne peux t'en aller. »
  2
) Interprétation.
 C'est l'entrée en scène du poète, il se fait personnage du poème pour dialoguer avec sa création.
 -Ici, puissance mais aussi raisons d'inquiétude pour le poète - voici que sa, création est capable de le regarder «que nous nous regardions »). Cf. mythe de Pygmalion (légende grecque : Pygmalion s'éprenant d'une statue qu'il vient de sculpter, la voit devenir vivante sous ses yeux.)
 - Cette inquiétude, ce sentiment d'insatisfaction (que faire de ces images après les avoir fait naître?) amène un autre sentiment, l'attendrissement ðimage de femme-enfant et désir de douceur, et retour à l'ordre et à la les turbulences de la création (deux premières parties)
 - besoin d'immobilité. Les images foisonnent et bougent, mais le travail du poète consiste à les fixer: comment fixer sans le détruire ce qui, est mouvant? et malgré la présence possible d'une autre inquiétude (angoisse existentielle devant la fuite du temps peut-être perceptible dans toujours en partance »), Supervielle sait conserver une attitude d'humour: le texte se termine, non sur une image dramatique mais sur le verbe mordiller: familiarité et tendresse.

 

 

24 janvier 2010

1ER OBJET D'ÉTUDE : LA POÉSIE. Texte 3

Texte 3

Guillaume Apollinnaire, «Zone»

 

 

À la fin tu es las de ce monde ancien
 
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
 
Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine
 
Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
 
Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme
L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d'aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers
 
J'ai vu ce matin une rue dont j'ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténodactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J'aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes

Vers 1 à 24, Extrait de Zone - Apollinaire, Alcools (1912)

Lecture Analytique

 

I) L'innovation poétique :

1.1) Une énonciation originale

→ Les repères sont brouillés (de temps, de personne), il n’apparaît pas d’ordre logique dans le déroulement du poème.

a) Indice personnel "je" = poète (vers 15 et 23)

b) Indice personnel "tu" : le christianisme est personnifié et Appolinaire s'adresse directement à lui à la deuxième personne du singulier (vers 7).
Dialogue fictif entre le poète ("je") et le christianisme, ainsi que le Pape.
Enonciation personnelle complexe et propice aux ambiguïtés.

c) Indices temporels : "Ce matin" est employé à la fois avec des verbes au présent (énonciation immédiate), mais aussi avec un verbe au passé composé. On peut donc se demander où sont situées les paroles du poète.
Tous les repères sont brouillés, d'autant plus que la ponctuation est inexistante → décalage constant, effort de représentation de la part du lecteur. Représentation de la réalité fragmentaire. A partir du vers 16, évocation du rythme hebdomadaire et quotidien de la rue industrielle.
       Ce matin / Le matin
       → précis     → en général.

Mais l'innovation du poème se trouve aussi dans l'écriture.


1.2) L'écriture

Absence de rimes : dans ce début du poème Zone, Apollinaire se contente d'assonances ou de rimes pauvres.
L'auteur use de rythmes qui n'apparaissent pas classiques : vers libres, pas de mètres particuliers, mais aussi vers plus longs (± 15 syllabes). Ceci va à l'encontre des habitudes des poètes de l'époque. Pourtant, il s'agit bien d'un poème, comme le montre le vocabulaire potique utilisé par Apollinaire.
C'est lui le premier à supprimer la ponctuation.
Vocabulaire remarquable : nombreuses expressions familières, banales : "il y a", "prospectus", …
→ risque de mettre en péril la qualité poétique du texte.
Ce vocabulaire est introduit dans la poésie, car elle fait l'éloge du quotidien, de la vie moderne.


II) L'éloge du quotidien, de la modernité

2.1) Le monde nouveau, opposé au "monde ancien", à "l'antiquité" :

Dès le premier vers, le poète fait l'éloge du changement, de la modernité.
La strophe 4 (vers 4, 5 et 6) fait s’interpénétrer deux mondes qui se nient : la simple religion ancienne d’une part et le monde moderne des automobiles et des avions d’autre part.
La strophe 5 (vers 7 à 14) précise le heurt de ces deux mondes et place au milieu du conflit l’auteur qui choisit la religion et la poésie du monde moderne : affiches, prospectus, journaux, police, politique...

Apollinaire : lancement de l'"art nouveau" : incitation envers les écrivains, les poètes à écrire sur les nouveautés (Cendrars, …) → innovations les plus récentes.
Les inspirations grecque et latine sont laissées de côté.

Ensuite, Apollinaire fait l'éloge de la vie quotidienne d'une "rue industrielle".
A partir du vers 11, il évoque la rue, ainsi que tout ce qui se lit dans la rue, énumération (prospectus, affiches).
→ littérature moderne (publicité, …) prose populaire (Journaux, romans policiers).
Affichent leur Une : gros titres, photos
Idée de la rue que l'on peut déchiffrer (reprise vers 21) : "les inscriptions des enseignes et des murailles.
→ Des mots dans la ville, avec une évocation plus banale des bruits, des mouvements de cette ville.
Fréquence de passage des employés : vers 18 : "Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent"
"gémit"
"clairon"
"cloche rageuse y aboie".
L'idée de modernité est liée à l'idée de quotidienneté. Il s'intéresse aux mots écrits dans la ville (publicité, …)
Comme si à travers les mots, il arrivait à déchiffrer la ville.
La pub, … représente la poésie.
Décalage commerce / poésie
Prospectus
Catalogue
Volonté de dire le contraire de ce qui est convenu.
Poésie : liée à la démocratisation. La prose revient à la presse (livres considérés comme des produits de consommation).
On est au début de la littérature policière.
Ville où hommes et femmes travaillent, et qui est encore rythmée par la cloche, mais aussi par les horaires des travailleurs.
Réseau lexical des bruits, métaphore (vers 15-16), surtout visuelle (clairon ne se rapporte pas spécialement au bruit → éclat du soleil) → vision naïve et amusante de la ville.
Vers 22 : "Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent"
Allitération en [k], mais aussi en [p] et [r], qui établissent une harmonie imitative : les sons imitent le caquètement du perroquet.


2.2) Le monde ancien et éternel

La ville en tant que sujet de poésie est associée au monde ancien (vers 1), et à l'Antiquité grecque et Romaine.
Apollinaire se détourne de l'inspiration classique, traditionnelle (Pléiade, XVIe, Parnasse, fin XIXe), pour être résolument moderne.
La religion est pour lui éternelle, au dessus de ces valeurs ("tu n'es pas antique ô Christianisme" vers 7).
Il associe la religion à la modernité : le christianisme apparaît dans sa pérennité dans ce monde matérialiste (pourtant, Apollinaire ne manifeste pas de foi catholique spécifique).
Apollinaire se pose des questions sur lui-même ; il associe la religion à son enfance. Il a honte d'entrer dans une église, car il n'est pas réellement croyant.


2.3) Une esthétique nouvelle

Le vers 2 est à la gloire de la tour Eiffel. A l'époque d'Apollinaire, la tour Eiffel apparaît comme le symbole de la modernité. Elle est d'ailleurs représentée dans plusieurs tableaux (cubisme : Delaunay, Braque, Picasso).
Le cubisme se caractérise par une déconstruction de l'objet représenté, fragmentation, collage → coupures de presse,…

"Bergère ô tour Eiffel / le troupeau des ponts / bêle ce matin" 6 - 5 - 5
a) "Le troupeau des ponts" : métaphore, analogie à expliciter.
Les arches des ponts, nombreux sur la Seine, évoquent le dos des moutons.
b) La métaphore est filée : la tour Eiffel se dresse au milieu des ponts, les domine (reprise de "Dame de fer", métaphore habituelle).
→ tour Eiffel dominant le troupeau des ponts → bergère, silhouette verticale et isolée.
De plus, la tour Eiffel est située sur la berge, d'où coïncidence métaphore et métonymie (sonorité). Reprise de sonorité → métonymie de lieu.
c) Métaphore du "troupeau des ponts" prolongée en fin de vers "bêle ce matin".



Conclusion

      Zone est catégorisé dans les " Arts poétiques " de l’œuvre d’Apollinaire en raison des innovations majeures qu’il apporte à la poésie d’alors. Il est l’exemple littéraire de la recherche de formes discontinues et juxtaposées qui soient porteuses de sens.
      On retrouve dans
Zone toute l'originalité de Guillaume Apollinaire. C'est un poème qu'on a rapproché des Pâques de Cendrars (même itinéraire, peuplé de souvenirs) ; mais originalité profonde d'Apollinaire, aussi bien dans l'écriture que dans le choix des images. Le thème religieux n'est pas au centre du poème, comme chez Cendrars, c'est ici un thème intermittent, à l'image du sentiment religieux du poète.

 

Lecture analytique prise sur http://www.bacdefrancais.net/zone.php

 

24 janvier 2010

1ER OBJET D'ÉTUDE : LA POÉSIE. Texte 2

Texte 2

Charles Baudelaire, "Crépuscule du matin"

    La diane chantait dans les cours des casernes,
    Et le vent du matin soufflait sur les lanternes.
   
   
    C'était l'heure où l'essaim des rêves malfaisants
    Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents ;
    Où, comme un œil sanglant qui palpite et qui bouge,
    La lampe sur le jour fait une tache rouge ;
    Où l'âme, sous le poids du corps revêche et lourd,
    Imite les combats de la lampe et du jour.
    Comme un visage en pleurs que les brises essuient,
    L'air est plein du frisson des choses qui s'enfuient,
    Et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer.
    Les maisons çà et là commençaient à fumer.
    Les femmes de plaisir, la paupière livide,
    Bouche ouverte, dormaient de leur sommeil stupide ;
    Les pauvresses, traînant leurs seins maigres et froids,
    Soufflaient sur leurs tisons et soufflaient sur leurs doigts.
   

    C'était l'heure où parmi le froid et la lésine
    S'aggravent les douleurs des femmes en gésine
    Comme un sanglot coupé par un sang écumeux
    Le chant du coq au loin déchirait l'air brumeux,
    Une mer de brouillards baignait les édifices,
    Et les agonisants dans le fond des hospices
    Poussaient leur dernier râle en hoquets inégaux.
    Les débauchés rentraient, brisés par leurs travaux.
   
    L'aurore grelottante en robe rose et verte
    S'avançait lentement sur la Seine déserte,
    Et le sombre Paris, en se frottant les yeux,
    Empoignait ses outils, vieillard laborieux !

 

Lecture Analytique

Introduction

Baudelaire > Ville de Paris

Paris de masse > Industrialisation

Malaise de Baudelaire

 

  1. Un tableau

-Sensations (sens en éveil)

-Couleurs

-Differents plans : effet de zoom.

 

  1. La vision péjorative de Paris

-Champ lexical du mal

-les personnages (chronologie) passent leur vie à Paris

-Points de vue

-Champ lexical de la douleur, de la maladie et de la mort

-Personnages dévalorisés

-Réalisme (macabre, morbide)

Champ de bataille/spleen.


24 janvier 2010

1ER OBJET D'ÉTUDE : LA POÉSIE. Texte 1

Texte 1

 

Nicolas Boileau, "Les embarras de Paris"

 

 

En quelque endroit que j'aille, il faut fendre la presse 
D'un peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse. 
L'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé ;
Je vois d'un autre coup mon chapeau renversé. 
Là, d'un enterrement la funèbre ordonnance 
D'un pas lugubre et lent vers l'église s'avance ;
Et plus loin des laquais l'un l'autre s'agaçants, 
Font aboyer les chiens et jurer les passants. 
Des paveurs en ce lieu me bouchent le passage ; 
Là, je trouve une croix de funeste présage, 
Et des couvreurs grimpés au toit d'une maison 
En font pleuvoir l'ardoise et la tuile à foison. 
Là, sur une charrette une poutre branlante 
Vient menaçant de loin la foule qu'elle augmente ; 
Six chevaux attelés à ce fardeau pesant 
Ont peine à l'émouvoir sur le pavé glissant. 
D'un carrosse en tournant il accroche une roue, 
Et du choc le renverse en un grand tas de boue : 
Quand un autre à l'instant s'efforçant de passer, 
Dans le même embarras se vient embarrasser. 
Vingt carrosses bientôt arrivant à la file 
Y sont en moins de rien suivis de plus de mille ; 
Et, pour surcroît de maux, un sort malencontreux 
Conduit en cet endroit un grand troupeau de boeufs ;
Chacun prétend passer ; l'un mugit, l'autre jure. 

 

Satire VI (extrait, orthographe modernisée)

 

Lecture analytique

 

Introduction

1960, on imagine un Paris sale & Nauséabond. > Boileau fait la satire de Paris.

Hypothèse de lecture:  En quoi ce texte est-il une critique amusée de la grande ville, à travers un texte poétique ?

 

I) La description de la ville & de ses habitants.

 1) Le cadre

-Une ville anonyme

-Une ville bestiale

-Une ville qui tue

 2) L'agitation

...

 

II) Talent poétique

 1) Exagérations

-Moins de rien, plus de mille

-Allitérations

-Ville dénaturée

-Gradation dans les chiffres

-Pléonasme : fardeau pesant

-Les sens sont mis en avant

 2) Héroïcomique

Les dangers de la ville > Tragédie

 

Conclusion

Ce texte montre le talent d'observateur pictural de Boileau. Ouverture: On se moque de la ville aujourd'hui encore.

Publicité
Publicité
Révisions BAC Francais PS4 Sion 2010
Publicité
Publicité